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Avec Léonor de Récondo, écrivaine et violoniste
Petite-fille de réfugiés espagnols, Léonor de Recondo revient sur l'histoire de sa grand-mère et de son père Félix, devenus apatrides après avoir fui la guerre d'Espagne en août 1936. Violoniste et romancière, elle raconte l'exil de trois générations de sa famille, les silences et sa propre quête pour redonner chair à cette mémoire blessée de la guerre d'Espagne.
La traversée du pont : dix minutes pour tout quitter
Le 18 août 1936, la famille de Léonor de Recondo doit fuir Irun au Pays basque, alors que les troupes franquistes avancent vers cette ville frontalière stratégique. "On frappe à la porte, ma grand-mère est en train de préparer un gâteau d'anniversaire pour le frère de mon père qui a sept ans ce jour-là et on leur dit : vous avez dix minutes, sinon ils sont fusillés", raconte l'écrivaine. Onze membres de la famille traversent alors le pont sur la Bidassoa qui marque la frontière entre l'Espagne et la France. En franchissant ce pont jonché de confettis du 15 août, ils perdent leur nationalité espagnole et entament quarante ans d'exil. Félix, le père de Léonor, n'a que quatre ans. L'autrice décrit cette scène à hauteur d'enfant, avec ce détail troublant du riz au lait laissé sur la table, symbole de la vie ordinaire brutalement interrompue.
Une enfance d'apatride et le choix de l'art
Félix de Recondo restera apatride pendant quarante ans, refusant de demander la nationalité française tant que Franco est au pouvoir. Après trois années au Pays basque français, la famille doit rentrer en clandestinité pendant la Seconde Guerre mondiale et s'installe dans les Landes, dans des conditions de grande misère. "Mon père n'a pas pu aller à l'école pendant des années parce qu'il n'avait pas assez d'argent pour acheter un troisième vélo pour les enfants", explique Léonor de Recondo. De cette enfance arrachée naîtra un peintre et sculpteur qui fera de l'art son territoire universel, au-delà des nationalités. Léonor elle-même choisira le violon à quatre ans, cet "instrument des diasporas".
La loi de la mémoire démocratique
En 2022, l'Espagne a voté une loi permettant aux descendants de républicains exilés de récupérer la nationalité espagnole jusqu'en octobre 2025. Cette "loi de la mémoire démocratique" a provoqué un afflux massif de demandes dans les consulats. Léonor de Recondo y voit "un geste de l'intérieur pour que l'Espagne, en son sein, invite les perdants à revenir". Elle a elle-même fait cette démarche, une façon de marcher dans les pas de sa grand-mère et de son père, et de porter haut cette mémoire longtemps tue.
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